Cette session nous invite à approfondir la manière dont nous sommes appelés à habiter le temps et à donner une perspective à nos engagements. "Dieu fait toute chose belle en son temps", par cette affirmation, l’Ecclésiaste nous encourage à revenir à un temps dont nous sommes les dépositaires, un temps que nous ne maîtrisons pas, mais qu’il nous faut habiter avec confiance et patience.

 

L’impression d’une accélération incessante de nos activités nous fait vivre le temps comme une contrainte subie qui nous place souvent face à nos insuffisances. La fascination de l’immédiat nous empêche alors de prendre le temps de la réflexion, de l’orientation, de l’action vers le long terme. "Penser, c’est aller moins vite" écrivait Simone Weil. Cette capacité à s’inscrire dans le temps long répond à un besoin d’équilibre de vie évident. Elle correspond aussi à l’une des principales qualités attendues chez un décideur : savoir élaborer une stratégie, y faire adhérer les autres et la mettre en pratique. Au milieu d’un flux permanent de sollicitations, il s’agit au fond d’apprendre à discerner et choisir l’essentiel avec persévérance.

 

Pour la foi chrétienne, Dieu est venu habiter le temps, et marquer l’histoire de l’humanité de façon définitive. Le présent du chrétien se trouve d’un côté porté par la mémoire de cette venue salvatrice et de l’autre tendu vers un achèvement définitif. Trouver sa place comme acteurs d’avenir devient possible par notre engagement. Cela implique peut-être d’ajuster le regard que nous portons sur l’époque où nous sommes appelés à vivre pour construire notre vie par nos étapes personnelles et professionnelles.